L'erreur est humaine {Aoi / Tara}

Pour la première fois de sa vie, Aoi souhaitait plus que tout voir les jours défiler aussi lentement que possible, il voulait profiter de chaque instant, de chaque seconde passée en compagnie de son amant. De ce petit ange qui illuminait sa vie. Certes il n’était pas parfait, il était presque aussi caractériel que lui mais c’était ça qu’il aimait chez lui. Ça faisait six mois qu’Aoi était avec l’homme qu’il aimait. Autant dire qu’il nageait littéralement dans le bonheur. Jamais il n’avait imaginé qu’une telle chose puisse lui arriver. Il était tellement habitué à la galère, à la souffrance et à la solitude que quand ça lui était tombé dessus il n’y avait pas cru. Aoi avait prit ça comme un jeu au départ, une façon de passer le temps, un amant régulier mais au fil du temps il s’était attaché à lui…D’amant parmi d’autre, Tara était devenu le seul et l’unique.

Encerclant son amant de ses bras protecteur, le brun était bel et bien endormit, épuisé de leurs multiples ébats de cette nuit. C’était comme si ça avait été la dernière et c’était peu dire…Quoi qu’il en soit, Aoi paraissait si paisible qu’il donnait l’impression d’être un ange. Doucement éclairé par les rayons du soleil, le drap cachait tout juste sa nudité alors qu’il ne bougeait pas d’un pouce. Peut être avait il trop peur de déranger son amant endormit ou était il juste si bien dans cette position qu’il n’avait pas jugé bon de bouger de toute la nuit…Allez savoir.

Un long gémissement sortit d’entre ses lèvres quand Tara quitta le lit mais Aoi ne se réveilla par pour autant. Cherchant un bref instant sa présence dans le lit il finit par doucement se recroquevillé sur lui-même, tirant le drap pour couvrir son torse nue avant de bel et bien sombrer dans un sommeil plus profond. Il avait clairement eut le temps de se reposer il était juste trop flemmard pour se lever tout de suite et préférait dormir encore un peu mais le bruit et ce baiser lui fit doucement ouvrir les yeux. Instinctivement un léger sourire s’afficha sur son visage à la vue de Tara et ne put que lui voler un doux baiser en se redressant sur les coudes.

-Pourquoi t’es habillé? Il est encore tôt pour rentrer chez toi non?

Demanda-t-il en se frottant les yeux. Il était visiblement déçus que son amant ait décidé de partir si tôt. Lui qui voulait faire la grasse matinée avec lui était bien dégoûté…

Aoi tombait des nues. Il avait l’impression de faire un cauchemar, un affreux rêve dont il allait se réveiller d’une seconde à l’autre…C’était pas possible. Quelque part il le savait ce que Tara allait faire et tout ce que ça signifiait tout simplement parce que lui, avant de le rencontrer il agissait comme ça. Rester quelques temps avec quelque un puis le quitter sauf que pour Aoi, il s’agissait juste d’une nuit, jamais plus. Il avait tellement peur que des liens se crée qu’il ne voulait pas passer plus d’une nuit en compagnie de la même personne mais avec Tara ça avait été différent. Il avait réussit à s’ouvrir, à lui montrer qui il était alors pourquoi faisait il ça? Le refus de ce simple baiser ne faisait que confirmer ses soupçons. Il allait être lamentablement jeté comme il l’avait fait pour tant d’autre…

Figé sur place, Aoi restait là à ne rien faire…Il ne tentait même pas de le retenir ni même d’en placer une avant que Tara prenne la parole parce qu’il savait…Il savait ce qu’il allait dire et que rien de ce que lui pourrait lâcher ne ferrait changer la situation. Étrangement, il n’était pas en colère, il ne lui en voulait pas…La seule chose qui traversait son esprit c’était que tout était de sa faute, il n’était qu’un gros imbécile ennuyeux et trop prévisible qui n’avait pas sut garder le seul homme à qui il avait donné son amour alors…D’entendre ces mots, tous dit avec une telle facilité et une telle cruauté lui brisait le cœur. Pas un seul instant son regard ne lâcha Tara. Assit dans ce grand lit tout blanc, le drap tout juste posé sur son entrejambe il se retenait de pleurer. A quoi bon lui montrer maintenant ce qu’il n’avait jamais voulu montrer. Il lui restait un semblant de fierté malgré tout son passé peu glorieux.

Retenant avec peine toute la tristesse que provoquait de telles paroles, Aoi baissa finalement les yeux à sa dernière petite phrase. C’était ce « Je ne t’aime pas » qui faisait le plus mal. Comment avait il put être si aveugle?! Étais ce une blague que lui faisait Tara? Ça ne pouvait être que ça…Il ne le détestait pas à ce point pour réellement le larguer…Si?…Dans le doute le plus complet, le jeune homme restait assit dans son lit, fixant cette porte qui c’était refermée lourdement sur les plus beaux six mois de toute sa vie et il attendait. Sagement, s’interdisant de pleurer, il attendait le retour de Tara. C’était juste une blague, le brun en était persuadé. Il ne pouvait pas lui faire ça…Il plaisantait mais non…Après avoir attendue plus de trois jours sans dormir ni manger, à rester dans ce lit pour l’attendre, Aoi réalisa enfin…Il se rendait compte qu’il ne rêvait pas, que ce n’était pas une blague et pire encore, que la seule personne à qu’il avait aimé était partie…Tout était finit.

Anéanti par cette perspective, lentement mais sûrement Aoi sombra à nouveau. Les choses commençaient doucement. Une dose de temps en temps pour lui faire passer l’envie de pleurer puis…Une sortie au bar, puis deux, puis trois et enfin il passait toutes ses soirées, dormait le jour pour récupérer de sa cuite, se droguait au réveil pour oublier sa peine. De jours en jours, de mois en mois le brun avait finit par redevenir comme avant. Son maigre salaire de serveur ne lui suffisait plus à payer sa came, il y avait aussi le loyer et la maigre nourriture qu’il ingurgitait…Aoi s’endettait et était redevenu l’être minable, squelettique et drogué jusqu’à l’os qu’il avait été avant sa rencontre avec Tara. Le manque d’argent l’avait poussé une fois de plus dans les ruelles…Il se rabaissait à nouveau. En toute logique il s’était dit que si Tara n’avait plus son corps, plus personne d’autre ne l’aurait mais le besoin de drogue était si présent que le premier client était le bienvenue. Vendre son corps à des inconnus, des ivrognes, des vieux pervers, de riches pères de famille…Tout ça il s’en foutait…La seule personne qu’il avait en tête c’était Tara…

La douleur avait été si grande, si intense qu’à présent Aoi y était habitué il vivait avec…Enfin, si vivre pouvait réellement qualifiée sa façon de passer une journée. Il survivait disons. Voler un peu de nourriture, éviter de se faire coincer par le gang du coin, trouver un endroit chaud pour dormir sans avoir à revenir chez lui…En gros, Aoi fuyait tout ce qui était capable de lui rappeler Tara mais il avait beau faire, à chaque fois que ses paupières se fermaient, qu’un client ou que son dealer abusait de lui, c’était à Tara qu’il pensait. Malgré ce qu’il avait fait et ce qu’il avait dit, le brun l’aimait…Il l’aimait à en crever et ne passait pas une seule journée sans au moins prononcer une fois son nom. Que ça soit dans un soupir, murmuré comme s’il allait venir à lui ou dans un sourd gémissement, il l’appelait…Encore et encore comme si ça allait le réveiller de cet atroce cauchemar qu’il vivait.

Les mois passaient sans même qu’il ne s’en rende compte. Pourtant, les jours ne défilaient pas à une allure folle mais la douleur était si présente qu’il avait l’impression qu’il s’était fait largué hier. Normalement la peine s’étoffe avec le temps non? Mais là ça n’était pas le cas. Aoi n’était pas comme tout le monde…Lui les blessures du cœur ne parvenaient pas à cicatriser ne serrais ce qu’un peu. La plupart des gens vivaient avec sans pour autant oublier mais lui ça le rongeait, ça le poussait aux pires remède pour oublier et même avec ça il trouvait le moyen de penser à lui…Il voulait ne plus souffrir mais ne pas l’oublier…Paradoxal non? Mais pourtant…

Mollement étendue sur un lit crasseux puant le moisis et la saleté, Aoi était nu, le bassin relevé et subissant les violents coups de bassins de son client du soir. La tête tournée vers la fenêtre aux vitres si sales qu’on distinguait à peine l’extérieur, aucun son ne parvenait à sortir d’entre ses lèvres pourtant, son client y mettait du cœur. Il voulait le voir gémir mais sans succès. Chacun de ses actes devenaient de plus en plus violents, il le giflait, le griffait, venait même jusqu’à le mordre mais les lèvres percées du brun restaient définitivement closes. Seul une larme perlait sur sa joue, venant lentement mourir sur le matelas…Il n’était pas bien difficile de savoir à qui il pensait même dans un tel moment…Ce qu’il aurait aimé que cet être hideux qui profitait actuellement de lui se transforme en Tara mais il avait beau espérer rien ne se passait.

La colère qui envahissait petit à petit son client finit par exploser. Se retirant il enfila son pantalon et laissa tout juste le temps à Aoi d’enfiler son caleçon et son pantalon pour le jeter dehors. S’écrasant douloureusement sur le béton douteux, le brun laissa échapper un bref gémissement avant de se relever. D’un revers de main il s’essuya le coin de sa bouche en sang et remit le peu d’affaires qu’il avait. En simple débardeur et jean il quitta la ruelle pour se rendre à son repère…Là où il avait rencontré Tara. Une fois encore il n’avait pas été payé et devrait voler pour manger. Le plus ennuyeux restait ses dettes envers son dealer…Il avait assez payé avec son corps pour qu’il accepte de lui donner une nouvelle dose…Aoi allait devoir se débrouiller autrement.

Plongé dans ses pensées, Aoi pénétra dans la ruelle, tête basse en ne cessant de soupirer. Il avait beau faire un froid de canard, lui ne sentait plus rien. Ses bras dénudés laissaient apparaître les multiples traces de maltraitance qu’il subissait et qu’il s’infligeait lui-même…Il n’avait pas fier allure et faisait même peine à voir dans ce débardeur qui avant lui allait comme un gant, il flottait dedans…
Une de ses mains vint se glisser sur sa nuque qu’il massa longuement avant de relever la tête et là…Aoi se figea, les yeux rivés vers ce jeune homme hésitant qui progressait doucement dans la ruelle il n’en croyait pas ses yeux ni même ses oreilles. Il l’appelait?! Lui?! Non…C’était un autre rêve! Se pinçant à plusieurs reprises sans le lâcher il finit par se rendre à l’évidence mais que pouvait il bien faire ici?!

-Tara…?

Lâcha-t-il d’une voix hésitante et fatiguée par le tabac et toutes les carences qu’il s’infligeait juste histoire d’avoir sa dose journalière.

Aoi avait beau espérer revoir Tara, le trouver et que tout redevienne comme avant il n’y croyait pas…L’habitude de voir ses rêves et ses espoirs brisés? Peut être…Sûrement même. Il avait cessé de vivre après cette rupture alors pourquoi aurait il une seconde chance? La méritait il seulement? A ses yeux la réponse était inéluctablement non. Qu’était il pour mériter l’amour et surtout l’intérêt de quelque un, qui plus est Tara?! Un simple drogué qui se prostitue pour avoir sa dose…Ni plus ni moins. Il était pitoyable et faisait peine à voir c’était déjà un miracle que son ancien amant se soit un tant soit peu intéressé à lui vu ce qu’il était avant mais alors revenir vers le même débris…Ca lui paraissait impossible et pourtant…Tara était bien là.

Comme absent, Aoi ne bougeait pas d’un pouce, les yeux rivés sur lui. Avec peine il tentait de réaliser ce qui lui arrivait. Pourquoi il était là? Qu’Est-ce qu’il lui voulait? Aoi ne comprenait plus rien, avec difficulté il tentait de se dire que si ça se trouve il avait fait une erreur…Que Tara ne pensait pas ce qu’il avait dit mais pourquoi attendre quatre longs mois dans ce cas là? Il voulait s’assurer qu’il l’aimait? Que sans lui il n’était rien? Il en avait la preuve…C’était peut être malheureux ou pitoyable à dire mais sans Tara, Aoi n’était plus rien…Il avait apprit à le connaître, il s’était ouvert à lui et avait découvert le bonheur…Il avait même apprit à aimer la vie grâce à ce petit bonhomme qui venait se serrer contre lui.

Minute! Il l’enlaçait ou c’était un rêve?! C’était pas possible…Il devait rêver pour que tout tourne dans ce sens là. Ca devait être ça, il avait encore sûrement avalé ces foutus cachets et maintenant il était en train de bader au fond d’une ruelle puante l’alcool mal consommé à grelotter tout seul dans le froid mais…Sa chaleur, son odeur, sentir ce cœur battre contre sa poitrine. Lentement il se laissait bercer la tête penchée en avant comme pour se rapprocher de ses cheveux, de son cou, venir y loger son visage pour mieux s’imprégner de son odeur. Sans même s’en rendre compte il l’enlaçait en retour. De toute façon, il se sentait bien trop faible, son cœur lui faisait excessivement mal et il n’avait pas la force de se dégager puis…Pour faire quoi?! Lui crier de dessus? Lui dire qu’il lui en voulait? Impossible pour la simple et bonne raison que ce n’était pas le cas. Tout le long il s’était mit comme unique responsable, c’était lui le coupable, pas Tara.

C’était comme si on venait de lui mettre une grosse claque. En l’espace de quelques secondes il redevenait clean. Il pouvait sentir le froid, son cœur battre à tout rompre, ses yeux doucement s’humidifier, son souffle s’accélérer et cette vague de chaleur l’envahir malgré qu’il grelottait de froid contre Tara. La gorge nouée et ne cessant de pousser de brefs soupirs entrecoupés il finit par murmurer de cette même voix cassée dans laquelle on sentait l’intense quantité de cigarettes qu’il avait dut fumer.

-Je suis là…Je serrai toujours là pour toi…

Un murmure si doux et sincère…lui-même ne comprenait pas vraiment cette situation. Qu’avait voulu dire Tara? Pourquoi le prenait il dans ses bras? Lui en voulait il toujours d’être si ennuyeux? L’esprit confus, il attendait, le serrant contre lui avec douceur, son visage enfouit dans le cou de cet être qu’il aimait à le folie, Aoi s’imprégnait doucement de son odeur et de sa chaleur si enivrante et rassurante.

Maintenant qu’il était avec lui, Aoi semblait avoir tout oublier. Comme si ces quatre mois de souffrance et de galère étaient loin derrière lui. Il préférait faire comme si rien ne c’était passé. Aoi ne voulait tout simplement pas se souvenir de ces mois passés loin de cher amant. De la lâcheté, de la peur? Pas vraiment non…Il n’y voyait aucun intérêt. Pourquoi se rappeler les mauvais moment? Pourquoi vouloir à tout prix penser au mauvais alors qu’il était de nouveau à ses côtés? Aoi ne comprenait pas vraiment, il doutait encore mais il faut dire aussi que le choc était si grand qu’il ne réalisait pas vraiment tout ce que ça signifiait…Dans quelques heures il se réveillerait sûrement de sa torpeur et pourrait pleinement réaliser.

Complètement à l’ouest, Aoi se laissait faire par Tara, ça il y avait été habitué durant ces quelques mois et malheureusement, il avait du mal à prendre des initiatives. Oh bien sûr ça reviendrait, il allait devenir à nouveau le Aoi que Tara connaissait, celui qui, sans le savoir, il avait réussit à modeler. Seul il y était incapable, il n’en avait pas la force ni même l’envie. A quoi bon changer si c’était pour du vent, si ce n’était pour personne? Au moins maintenant il allait changer pour Tara, à nouveau mais il allait changer…Il serrait plus intéressant, il lui montrerait qu’il valait la peine qu’il reste avec lui. Aoi n’avait pas encore comprit…Il n’y parvenait pas sans explications claires. Il lui fallait un « Je t’aime » clair.

Chez lui? Il avait un chez lui? Réfléchissant longuement, les yeux perdus dans le vague, Aoi tentait de se souvenir de son appartement. Plus aucune image de ce lieux ne lui venait en tête. Pourquoi?! Y était il seulement revenu depuis le temps? Il en doutait fortement…Mais…En cherchant longuement dans son esprit embrumé, il finit par se souvenir d’une conversation qu’il avait eut. C’est quelque chose à propos d’un loyer à payer. Oui! Il se souvenait! Quoi qu’il arrive il ne voulait pas vendre son appartement mais il n’y était pas revenu pour ne rien dépenser, ni électricité, chauffage et autres…Dans un long soupir de soulagement il finit par lâcher.

-Je l’ai encore…

Toujours aussi frigorifié, il apprécia grandement le geste de Tara. C’était peu mais au moins ça lui éviterait de chopper froid à la gorge…Le reste c’était moins sûr. Le fixant longuement sans un mot, les yeux à demis clos face à la fatigue qui enivrait tout son corps, Aoi finit par murmurer, le visage toujours inexpressif un simple petit « Merci » sincère. Bien que son visage ne parlait pas, ses yeux le faisaient à sa place.

Changer n’était pas une chose facile, Aoi le savait, il l’avait déjà fait une fois pour Tara. Il avait réduit considérablement sa consommation de drogue jusqu’à ne plus en avoir besoin que pour éviter ses crises de manque, il avait arrêté de boire, ne fumait plus que deux cigarettes par jour et le plus important à ses yeux: il avait fait une croix sur son passé de jouet sexuel. Tara méritait le meilleur et Aoi était décidé à le lui donner. Il devait absolument changer pour lui…Maintenant qu’il avait la chance de se racheter il ferrait tout pour être à la hauteur. Le brun avait une si haute estime pour son amant qu’à ses yeux il ne pouvait pas être fautif, c’était à cause de lui que Tara était partit et maintenant qu’il avait une seconde chance dieu sait par quel hasard, il n’allait pas la laisser filer.

A cet instant, le jeune homme était tout simplement aux anges…Il avait retrouvé son bel amant qui s’occupait comme jamais de lui. C’était rare de le voir si tendre et gentil avec lui. Ça donnait vraiment l’impression qu’il était un gamin mais ça n’avait rien de très désagréable…Au contraire. Malgré tout, Aoi espérait vraiment retrouvé son Tara capricieux et joueur qu’il aimait tant. Cette petite boule d’énergie qui ne cessait de le taquiner rien que pour l’émoustiller un peu plus. Complètement perdu dans ses pensées, il ne faisait même plus attention au chemin et repensait avec nostalgie aux bons moments qu’ils avaient passés ensemble. Toutes ces minis engueulades qui finissaient d’une façon plus qu’agréable…Tout ça n’était que des jeux entre eux et Aoi ne pouvait que prier pour que tout redeviennent comme avant.

L’espace d’un instant, on aurait put deviner un sourire se dessiner sur ses lèvres gercées par le froid et légèrement teintée de sang. Tara semblait si changer…En à peine quatre mois il était devenu un jeune homme avec un cœur. Lui qui avant espérer pouvoir l’attendrir au moins un peu était plutôt déçus de ne pas être l’auteur de ce changement…Bien sûr il ne comprenait pas que c’était cet éloignement qui avait poussé Tara à revenir mais aussi à changer…S’il savait…Aoi serrait sûrement mort de bonheur à l’heure qu’il ait mais il se contentait grandement de sa joie actuelle et de la perspective qu’offrait un tel programme.
Sans un mot il grimpa les marches de l’immeuble et une fois devant la porte plongea sa main dans une des poches de son pantalon pour en sortir le bel étui à cigarette que lui avait offert Tara. C’était la seule chose qu’il lui avait offert d’ailleurs alors Aoi le gardait comme une relique…Un objet sacré qu’il ne devait en aucun cas perdre ou abîmer de peur que tous les souvenirs qui s’y rattachaient s’envolent. Ouvrant la boîte avec une délicatesse incroyable, il sortit les quelques photos de son amant qu’il y avait glissé et attrapa un petit étui en plastic transparent dans lequel résidait une clef.

-J’aurais le droit à un vrai bisous et un câlin?

Demanda-t-il en lui jetant un bref regard. Il avait l’air si paumé, si suppliant qu’il en devenait atrocement adorable.
La clef entra dans la serrure et finalement la porte s’ouvrit sur cet appartement remplit de souvenir. On voyait clairement qu’Aoi n’y avait pas remit les pieds depuis maintenant plus d’un mois. Tout était resté comme au jour de leur rupture. Le lit n’était pas fait…Les fringues d’Aoi jonchaient encore le sol, le cendrier était à moitié plein…Rien n’avait changé. Poussant un petit soupir, le brun esquissa une grimace en lâchant, sa main venant masser sa nuque.

-J’ai pas put faire le ménage…Désolé…

Se retrouver comme propulsé dans le passé avait quelque chose de terrifiant pour Aoi. A peine était il rentré dans la pièce qu’il revivait la scène de la rupture. Malgré l’obscurité et cette odeur de renfermé qui lui agressait les narines il ne bougeait pas d’un pouce comme figé par ce que son esprit repassait en boucle encore et encore. De voir Tara débiter ces paroles alors que quelques secondes auparavant il l’avait appelé pour la première fois « mon amour » était si perturbant qu’il ne savait plus que faire. Étais ce un cauchemar, la réalité, ou encore une autre chose étrange qui lui arrivait. Le pauvre Aoi qui était encore plus ou moins sous les effets de l’alcool et de la drogue restait bêtement planté là à fixer ce lit aux draps jaunis par le temps.

Ne revenant que plus ou moins à lui quand Tara le tira jusqu’à la salle de bain et le déshabilla, il ne lâcha pas un mot, bien trop honteux de l’état pitoyable dans lequel son corps était. Griffure fraîche ou ancienne dont la marque était tout de même encrée dans sa peau, morsure presque sanguinolentes, bleus et autres traces de maltraitance sans compter les larges entailles sur ses poignets et avant bras qui étaient son œuvre. Au moins là-dessus Aoi ne pouvait pas le surprendre…Il était toujours attiré par le sang et la mort bien que maintenant il ait tout ce dont il pouvait rêver sans même s’en apercevoir.

Aoi attendit sagement que Tara quitte la salle de bain pour lentement s’approcher de la baignoire. Depuis combien de temps n’en avait il pas prit? Fixant longuement l’eau dans le bain, lentement les souvenirs lui revenait, des meilleurs aux pires…Que ça soit les multiples bains qu’il avait prit dans cette baignoire, le sexe mais l’eau lui rappelait inévitablement les multiples accès de violence d’un de ses clients qui avait tenté par plusieurs reprises de le noyer que ça soit dans le lavabo, la baignoire voir même les toilettes tout ça pour simplement l’entendre gémir son nom. Réprimant ses nausées, il recula tout de même avant de souffler longuement. Il ferma les yeux puis s’avança finalement pour pénétrer lentement dans la baignoire.

C’était comme s’il découvrait pour la première fois ce que ça faisait de prendre un bain. Aoi redécouvrait les sensations d’une vie normale. Après avoir vécu trois mois dans la rue il semblait avoir tout oublier jusqu’à la sensation d’un corps chaud et aimant se serrant contre lui…Il n’allait pas en dormir de la nuit de cette sensation…Ça allait tellement le perturber et l’émerveillait qu’il resterait là, sans trop oser bouger à fixer Tara. Attendrissant mais quelque peu effrayant…Le moindre choc émotionnel le plongeait dans un cercle vicieux destructeur et il devenait aussi fragile et innocent qu’un gosse de quatre cinq ans.

S’amusant gentiment avec l’eau du bain, il sursauta en entendant la voix de Tara et finit par réfléchir. Ça faisait tellement longtemps qu’il n’avait pas mangé un véritable repas…Qu’Est-ce qu’il allait pouvoir demandé?! Une question qu’il ne se posa pas bien longtemps. Le plat qui lui avait le plus manqué c’était bien celui qu’il préférait et mangeait avant si souvent. Relevant la tête vers Tara il lâcha l’air tout émerveillé et presque excité.

-A part toi…Du porc sauté avec du riz!

Prévisible? Oui et alors?! Ça n’était plus Aoi sinon et puis…Allez vivre trois mois dans la rue vous verrez si la première chose que vous allez vouloir manger n’était pas votre plat préféré!

En aucun cas Aoi ne voulait se montrer faible, bien au contraire, il voulait montrer à Tara qu’il n’était pas cet être pitoyable qu’il avait sous les yeux. Il était fort, déterminé, il pouvait lui donner tout ce qu’il désirait et valait la peine qu’on s’intéresse à lui. Le pauvre Aoi n’avait toujours pas comprit que Tara était revenu vers lui non pour lui redonner une seconde chance mais parce qu’il s’était rendu compte de son erreur. Ça n’avait pas traversé son esprit une seule seconde…Il faut dire aussi que quand Aoi veut pas, il y a très peu de choses qu’il arrive à comprendre. Vive l’auto persuasion façon Aoi =.=.

Presque fasciné par l’eau de son bain, il redécouvrait ce que voulait dire le mot détente et bonheur. Pour l’instant c’était vague…Une simple sensation naissante dans son corps et au plus profond de son être. Ce petit soupir que l’on pousse avec un maigre soupir, celui que l’on a en se glissant dans des draps propres et chaud après une rude journée, celui quand on a des bras aimants dans lesquels se blottir ou même celui en rentrant chez soit…Aoi avait eut le même mais le sourire était encore absent. Cette absence il ne la remarquait même pas, les blessures de son cœur étaient si récentes que sourire pour un rien ou si peu lui était complètement impossible. C’était triste vu le beau sourire qu’il avait mais seul le temps parviendrait à le lui tirer, le temps ou peut être simplement Tara…Cet être extraordinaire pour qui il était prêt à tout, même maintenant.

Détaillant les moindres gestes du jeune homme, il restait sagement dans son bain, les mains posées entre ses jambes comme honteux alors que pourtant…Il ne comptait plus les fois où ils avaient put coucher ensemble ou même où il s’était baladé à poil dans son appart’ devant Tara mais là c’était différent…Il n’avait pas honte de son corps mais de tout ce qu’il avait put subir. Au fond de lui il avait le sentiment de l’avoir trahit en couchant avec d’autres hommes. Ça n’avait jamais été de façon très consentante et il n’avait jamais été attiré par eux mais c’était le boulot après tout mais malgré tout ça il continuait de se cacher dans le quitter des yeux. A la fois admiratif et craignant qu’il dise quelque chose, qu’il parte ou encore qu’il ne le touche à un endroit qu’il redoutait, Aoi ne bougeait pas et c’était à peine s’il respirait.

Cette petite étincelle de doute et de crainte s’estompa bien vite pour laisser place à l’habituelle tendresse qui avait toujours brillée dans ses yeux quand il était en compagnie de Tara. Se laissant faire, il appréciait la moindre petite caresse qu’il pouvait lui faire. Lui caresser les cheveux n’était pas en soit une réelle caresse mais Tara savait qu’il avait toujours aimé ça et qu’il lui était souvent arrivé de lui laver les cheveux, même quand son amant ne prenait pas de douche avec lui. C’était son petit plaisir à lui et Tara qui semblait ne pas détester ça non plus!
Aoi hocha vigoureusement de la tête en signe d’approbation, persuadé qu’un tel geste parviendrait à complètement le détendre et lui rappellerait le bon vieux temps bien qu’à présent, tout semblait encore mieux. Il suffisait qu’il redevienne lui-même pour en juger et profiter mais ça ne saurait tarder…Heureusement.

Attendrit, Aoi faillit esquisser un petit sourire face à tout ce que Tara avait put faire…Il avait bel et bien changé. Le brun ne pouvait dire qu’il avait toujours espéré ça mais un tel changement bénéfique chez son petit ange ne pouvait que le réjouir du moment qu’il restait le même et cette petite requête qui ressemblait bien à un chantage en était la preuve. Comme avant, il esquissa une petite moue boudeuse, signe que le Aoi « normal » n’était pas si loin qu’on le croyait. Il avait toujours réagit de la sorte aux chantages de Tara et ça ne semblait pas changer. Par contre, le fait qu’il touche à ses cicatrices au poignet…Un tel geste fut disparaître sa moue adorable. Levant les yeux vers Tara il se redressa pour lui faire face et releva son visage d’une main, esquissant un faible mais adorable sourire.

-Je veux plus t’entendre dire ce mot là…

Murmura-t-il en le fixant droit dans les yeux, l’air sérieux avant d’ajouter en glissant sa main sur le visage de son amant pour doucement le caresser.

-Ce n’est pas de ta faute…

Aoi comprenait maintenant l’importance de tous ces petits moments qu’il avait avant comme occulté. Il les trouvait banaux et sans réel intérêt mais maintenant il savait. Les jours passaient sans Tara avaient été à la fois long et courts…Longs parce que le jeune homme lui manquait atrocement et courts parce que dans son esprit, le jour de la rupture n’avait été que la vieille. La douleur avait envahie son être à un tel point que toute notion du temps c’était envolé et celle de la vie également alors maintenant qu’il pouvait en profiter il ne se privait pas. C’était si agréable de se faire chouchouter, que Tara s’occupe de lui, qu’il lui lave les cheveux, de reposer dans cette eau tiède qui l’enveloppait ou juste de sentir son amant à ses côtés.

Il ne se souciait de plus rien. Il n’avait plus faim, se fichait de tous les petits détails qu’il allait falloir régler le lendemain. Tout s’évaporait doucement pour ne laisser place qu’à son bonheur. Il lui en fallait peu, il le savait et s’en fichait royalement. Du moment qu’il pouvait être avec Tara ça lui suffisait.
Sans un mot il se laissait faire, les yeux à demis clos…Par contre, aux paroles de son amant il sentit son cœur se serrer. Reparler de tout ça était si douloureux. Il ne supportait pas d’y repenser, de se souvenir. Il en avait souffert quatre mois d’affilés et ne voulait plus jamais en entendre parler mais fuir n’avait jamais été la bonne solution, il le comprenait maintenant.

Plus que surprit de cette détermination à se faire pardonner et à rejeter la faute sur lui, Aoi ne préféra rien dire, le laissant parler et fermant complètement les yeux pour éviter de pleurer. Il était sensible, ça n’était pas une nouvelle mais il voulait toujours plus le cacher, surtout dans cette situation. Il se sentait mal…La raison lui était obscur. A la fois blessé de se dire que Tara l’avait manipulé pendant tout ce temps bien qu’il n’en était pas sur et qu’il ne voulait pas le croire puis d’entendre de la bouche de son amant qu’il n’était pas fautif, qu’il avait été stupide de se croire responsable. Ça faisait mal…Il ne pouvait le nier mais malgré tout son amour restait intacte, il ne pouvait lui en vouloir.

-C’est parce que je t’aime…

Ce fut son unique phrase qu’il ne plaça pas forcément au bon moment. Tara c’était déjà levé et entre temps lui avait posé une autre question mais pour lui il n’y avait que ce « Comment tu fais pour ne pas m’en vouloir ». Ça tournait encore et encore dans son esprit, ça l’obsédait et il fallait que ça sorte. Aoi l’aimait à la folie, il n’était plus rien sans Tara et le lui avait clairement montrer. Certes son amour avait déjà été montré lors de leur rares disputes où jamais il n’avait élevé la voix, lâché des paroles blessantes et autres. Ça n’était tout simplement pas dans sa nature. Il ne pouvait pas se montrer dur et froid envers ceux qu’il aimait ou bien c’était dans le seul but de se défendre, une chose rare qu’il ne faisait que quand il se sentait mal.
Le regard fuyant il attrapa le savon qu’il plongea dans l’eau avant de le faire glisser sur son cœur meurtri, réprimant quelques grimaces quand il venait à toucher des blessures trop fraîche mais il s’en fichait…Ça n’était rien comparé à d’autres choses qu’il avait subit pendant ces quelques mois.

Revenir à une vie normale sans drogue, sans fumer deux paquets par jour, sans alcool, sans violence et sans cette manie qu’il avait de vouloir voir son sang couler allait être dur. Tout était une question de volonté et bien qu’il en avait, Aoi savait que ça n’allait pas être de la tarte, heureusement que Tara était là pour l’aider car il savait pertinemment que seul, une telle épreuve était impossible. Il avait besoin de lui pour l’empêcher de fumer, d’aller boire ou de prendre encore trop de drogue…Malheureusement, cette substance avec laquelle il s’était détruit depuis si jeune avait fait bien des dégâts, il le savait, Aoi connaissait son état de santé presque critique qui se détériorait mais malgré cela, les médecins ne pouvaient que lui dire d’en prendre lors de ses crises. Ces moments si durs où le jeune homme devenait d’une faiblesse atroce et vomissait le surplus de sang qui envahissait ses poumons ou son estomac. Il se détruisait de l’intérieur mais ça…Tara l’ignorait. Aoi avait prit le soin de ne jamais lui dire et surtout, il avait caché le fait qu’en secret il reprenait de faibles doses de drogues…

Plutôt content que Tara le laisse pour se laver, il put faire les endroits les plus embêtants à son goût comme ses cuisses, son dos et surtout son bas ventre. C’était eux les plus couverts de marques de toutes sortes. Chacun de ses clients avait eut la très bonne idée de vouloir le marquer si bien qu’il se retrouvait couverts de griffures, de bleus et morsures…Des marques d’ « appartenance » dont il se serrait bien passé surtout que lui ne voulait qu’un seul et unique amant: Tara. Lui seul avait le droit de marquer son corps à sa guise, de le posséder, d’entendre ses gémissements et d’avoir droit à ses supplications. Aoi avait donné son corps mais pas son cœur et maintenant que tout ça était finit, il redeviendrait à Tara. Bien que dans leur couple il n’y ait pas de dominant ni de dominer, le jeune homme savait qu’Aoi voulait entièrement être à lui, qu’il pouvait tout lui faire sans que le brun ne ronchonne. Il en avait de la chance Tara…

Commençant à se rincer, Aoi stoppa son geste en entendant le son de sa voix. Tout ce que disait Tara il l’écoutait avec beaucoup d’attention. On aurait dit un gamin mais le brun avait toujours fait comme ça, il aimait savoir que quelque un était à son écoute alors quand il s’agissait d’écouter les autres, il se montrait plus qu’attentif et il ne fut pas déçut! Touché par les paroles de cette chanson, Aoi esquissa un bref sourire, la tête penchée en avant, le regard rivé sur l’eau trouble. C’était comme s’il lui avait dit qu’il l’aimait mais avant même qu’il n’ait eut le temps de contredire cette pensée comme il le faisait bien souvent, Aoi sentit son cœur explosé dans sa poitrine. Il venait de le lui dire…C’était pas un rêve. Comme par réflexe, le brun se pinça à plusieurs reprises…Non, il ne rêvait pas, Tara l’aimait vraiment…C’était les plus beaux mots qui puissent exister à présent.

Il fallut un bon moment à Aoi avant de reprendre complètement ses esprits mais quand ce fut fait, Aoi sortit avec précipitation du bain. Évidement, n’étant pas doué du tout, il dérapa sur le sol et tomba lourdement sur le carrelage gelé de la salle de bain mais ça ne l’arrêta pas le moins du monde. La cheville foulée il se redressa tout de même, enfila son peignoir qui pendait encore derrière la porte et se précipita sans faire attention à sa cheville. Il n’était plus à ça prêt alors il s’en occuperait plus tard. Trouvant son amant il le prit dans ses bras, écartant la nourriture qui l’empêchait de serrer son corps contre le sien. Les larmes aux yeux, il enfouit sa tête dans son cou, un immense sourire aux lèvres et murmura à son tour avec une sincérité troublante.

-Je t’aime…De toute mon âme je t’aime Tara…

Des paroles exagérées? Pas le moins du monde, Aoi était un passionné et allait toujours jusqu’au bout des choses.

Ça avait réussit à acquérir la confiance de Tara ce qui lui semblait être une chose extraordinaire. Peut de gens avaient réellement crut en lui, lui avaient fait confiance et pouvaient compter sur lui alors le brun en était fier et ne comptait pas tout gâcher. Certes il aurait dut le lui dire mais la perspective de blesser Tara en lui avouant qu’il était malade et qu’on ne pouvait rien y faire lui brisait le cœur. Non…Il ne pouvait pas lui faire ça mais, cacher à son amant une telle chose était également une mauvaise chose. Que faire? Lui avouer et le voir souffrir ou le lui cacher et le voir sourire? Le choix semblait si simple mais était si dur au fond…Quoi qu’il en soit, Ça était sûr que tout lui dire n’était pas la meilleure chose à faire, si jamais Tara venait à le découvrir il lui en voudrait à mort mais il ferrait tout pour qu’il ne découvre rien…Il ne fallait pas l’inquiéter.

Dans n’importe quelle situation, il avait sut se montrer dans le meilleur de sa forme pourquoi arrêter maintenant? Surtout maintenant d’ailleurs…Il devait se montrer fort tout comme Tara pour enfin vivre correctement et heureux. Il ne voulait pas faire endurer à son amant les moments si difficiles qu’il avait dut vivre la première fois…Pas encore. Cette lutte contre l’alcool, contre la drogue, le tabac et ses démons internes. Tout ça il allait le gérer lui-même, ne pas faire souffrir Tara, c’était tout ce qui comptait à ses yeux mais Ça ne se doutait pas de l’importance que tout cela pouvait avoir pour son bel ange…Il ne soupçonnait pas tout ce qu’il faisait pour lui…

Comme une sorte de remerciement, il le gardait serré contre lui, se fichant bien de la douleur qui tiraillait sa cheville ou encore d’être complètement trempé. Tout ça n’était que détail alors qu’il pouvait profiter d’une telle étreinte…Ça faisait si longtemps…Tellement longtemps qu’il n’avait pas put le serrer contre lui de la sorte, qu’il n’avait pas sentit Tara apprécier cette étreinte…Il pouvait sourire le beau Ça, il avait retrouvé Tara…SON Tara. Un long et audible soupir d’aise perça ses lèvres suite au baiser. Ce que ça avait put lui manquer…Cette danse sensuelle entre leurs deux langues percées…Il adorait ça, cette douce chaleur, cette tendresse et tout ce qu’un tel baiser pouvait lui donner envie de faire mais alors qu’il se perdait dans ses pensées devenues plus ou moins coquines, il fut ramené sur terre par Tara.

-Oui oui…

Soupira-t-il en remettant son peignoir en place. Il aurait bien continué cette étreinte mais alors qu’il commençait déjà à râler, signe qu’il allait plutôt bien en fin de compte XD, son estomac se mit à méchamment grogner rien qu’en regardant la nourriture. C’était décidé, avant de faire quoi que ce soit qui rejoindrait ou pas ses pensées, il allait manger. Ça faisait tellement longtemps qu’il n’avait pas prit un repas concert qu’il en avait même oublié le goût que pouvait avoir le riz ou encore le porc…Un véritable délice l’attendait et rien qu’à cette idée il salivait.

Tout en boitillant, Ça quitta la cuisine, ne faisant même pas attention aux deux dernières questions de Tara. Il était habitué à se faire mal de façon si stupide alors bon…Puis c’était pas si son amant n’était pas habitué. Ils avaient plus ou moins vécus six mois ensemble, il connaissait à bien le connaître maintenant. Se dépêchant de s’habiller, Ça prit le soin d’aller remettre le peignoir dans la salle de bain, vida l’eau de son bain à présent froide et partit s’habiller d’un simple jean délavé et enfila un gros pull de laine blanche, laissant ses longs cheveux noirs méchés par ci par là de blond détaché. Une tenue simple mais qui lui allait si bien et le rendait irrésistible…Comme toujours. Toujours en boitillant il revint à la cuisine et s’assit avec un léger sourire.

-Je suis prêt!

C’était plutôt difficile de se concentrer sur la nourriture avec un être aussi parfait que Tara à côté de lui voir même impossible. Quatre mois sans le voir, le toucher, pouvoir admirer le moindre de ses traits, sa façon de bouger, sans sentir son odeur, sa chaleur contre lui et tant d’autres choses pour lesquelles Aoi l’aimait tant. Tout ce qu’il faisait qu’il était lui le rendait dingue et lui avait tellement manqué que s’il n’avait pas été dans cet état, Aoi lui aurait sauté dessus sans aucune hésitation mais son état lui rappelait la triste réalité. Sans lui il n’était plus rien et en à peine quatre mois il s’était lentement laissé périr au point où son estomac était si petit que deux bouchées lui suffisaient pour la journée. Ça n’était pas bon, il le savait mais pourquoi se nourrir, être en bonne santé et autre si ce n’était pas pour quelque un?!

Combien de fois s’était il imaginé retrouver Tara et s’enlacer passionnément pour finir par faire l’amour dans le premier lieux plutôt isolé qui leur tombait sous la main?! C’était devenu sa façon de passer le temps, de ne pas penser aux ignobles clients qui chaque nuits venaient se servir de son corps…Il préférait l’imaginer lui, son bel amant, celui qu’il continuait d’aimer malgré tout mais de là à ce dire qu’un jour il viendrait vraiment c’était déjà une autre affaire.
A présent qu’il pouvait le voir, le sentir mais aussi l’entendre, Ça n’y croyait pas. C’était comme un rêve qui devenait réalité et pourvu qu’il ne s’en réveille pas. Les moindres faits et gestes de Tara le faisait sourire de bien être. C’était dingue comment en quatre mois il avait put changer…Bon il se doutait qu’il faisait tout ça pour son bien et qu’il redeviendrait le jeune homme capricieux qui aime se venter et encore heureux! Parce que c’était ce Tara là qu’il aimait bien que de le voir si explicite dans ses sentiments ne le gênait en rien, c’était même l’inverse.

Un large sourire aux lèvres il laissait faire son amant et fut plutôt surprit de le voir l’enlacer comme ça. Bon ça n’avait rien de bien désagréable mais avec cette bonne assiette sous les yeux et son ventre qui criait famine c’était un peu frustrant dirons nous…Heureusement Tara trouva la solution et ainsi, Ça put redécouvrir avec émerveillement son plat préféré. La première bouchée lui fit l’effet d’un orgasme. Ses yeux se fermèrent automatiquement et il sentit comme une explosion de saveur dans sa bouche qui lui fit pousser un long gémissement de plaisir. Il en resta même immobile un instant avant de se précipité pour reprendre une bouchée et s’extasiait toujours autant devant ce plat si divin.

Aux anges pour un simple plat, Ça fut propulsé au paradis après les paroles de Tara. Il laissa échapper un petit rire, témoin du plaisir que pouvait lui faire la phrase de son amant. C’était bien la première fois qu’il lui disait une chose aussi gentille et sincère, lui qui angoissait constamment à ce sujet il se trouvait rassuré. Il prit tout de même le temps d’avaler et déposa un petit bisous dans son cou avant de lui murmurer tendrement.

-Si tu savais combien ça me fait plaisir de t’entendre dire ça…

Passant un bras autour de sa taille, il continua de manger en prenant bien le soin de laisser son amant piquer dans son assiette. De toute façon il était incapable de finir tout tout seul alors autant que lui aussi se serve et puis, ça lui serra bien utile…Un ptit sourire aux lèvres, Ça accéléra légèrement la cadence sans rien dire avant de venir lui murmurer à l’oreille alors qu’il avait tout juste avalé sa dernière bouchée.

-Et si on passait au dessert maintenant…Tu t’en souviens?! Chantilly et chocolat…

Lui murmura-t-il en frôlant son oreille de ses lèvres percées tout en glissant habillement ses mains sous le haut de Tara pour venir lentement caresser son ventre. Son dessert préféré lui avait tant manqué…