« Tu as dit que tu m’aimais…Espèce de menteur…Tu me l’as dit avec tant de conviction et de sincérité que je t’ai cru…Enfet…T’es juste un as dans l’art de la comédie…Pour toi j’étais prêt à tout…Tu le savais et tu en as joué…Je t’aime tu sais…Malgré tout ça je n’arrive pas à t’en vouloir…Je devrais pourtant…Je te l’ai dit à toi, que je ne supporterai pas une seconde perte de l’être que j’aime mais…Je t’ai perdu…Je ne suis pas assez bien pour toi…Je suis trop ennuyeux, trop prévisible trop…Moi…Si tu savais combien je m’en veux de ne pas être celui qui arrive à retenir ton attention…J’en viens même à me demander si je l’ai attiré un tant soit peu…Si tu m’as réellement aimé à un moment avant de te lasser…Ce que j’aimerai que tout ça ne soit qu’un rêve mais j’ai beau dormir, à chaque fois que je me réveille c’est le visage et les draps mouillés…Quand arrêterais je de pleurer pour toi?…J’aimerai encore te serrer dans mes bras…Embrasser chaque parcelle de ton visage si angélique…Te murmurer des Je t’aime qui maintenant je sais tomberont dans l’oreille d’un sourd…Tara…Mon petit ange…Me pardonneras-tu mon manque d’intérêt…La seule chose que je viens à espérer c’est que mon existence ne devienne plus un fardeau pour toi…Je sais qu’à m’accrocher je ne fais que t’ennuyer un peu plus mais comment l’amour que je te porte pourrait il mourir? Je suis tout simplement incapable de me dire que j’ai perdu mon temps avec toi, que je te hais ou encore que j’aurais aimé ne jamais te rencontrer…Tu le sais ça aussi…A toi je ne peux pas t’en vouloir…C’est constamment sur moi que je rejette la faute, c’est ça que tu voulais? Que je m’en veuille?…Décidément, moi qui pensais te connaître je suis bien loin de la réalité… »
Ce « Je ne t’aime pas » avait été lâché si facilement, sans aucune tristesse dans le regard comme s’il avait dit « J’ai faim » ou une autre connerie dans le style que sur le coup, Aoi était resté bête. Il n’avait sut que dire et que faire. Pleurer? Se mettre en colère? Le frapper? Le faire répéter? Tout ça ne lui venait même pas en tête. Il était resté là, en face de ce petit être qu’il aimait tant, celui pour qui il s’était ouvert, celui pour qui il était doucement sortit de ses ténèbres…Un petit être en apparence si fragile…Pauvre Aoi ce que tu as put être bête. Encore une fois ta stupidité et ton amour t’ont aveuglé…N’as-tu pas retenu la leçon?! Que vas-tu faire maintenant hein?!
Frigorifié, en simple jean et tee-shirt alors que la pluie torrentielle s’abattait et faisait fondre les premières neiges du mois de Janvier, Aoi traversait les ruelles tel un fantôme. Le teint livide contrastant parfaitement avec ses cheveux noirs de jais et son ensemble aussi sombre il semblait mort…Mort de froid, mort de fatigue et mort d’amour. Ça faisait tout juste un jour que Tara lui avait annoncé si cruellement qu’il ne l’aimait pas et Aoi n’avait ni trouvé la force de manger ni celle de dormir. Il était hanté par ces paroles…Quelques petits mots qui sans la négation l’aurait rendu heureux. Il aurait put retrouver son sourire perdu mais non…A croire qu’il était destiné à vivre dans l’ombre de son bonheur perdu depuis tout jeune.
Ne cherchant même pas à rentrer dans un des bars qu’il avait l’habitude de fréquenter, Aoi continuait encore et encore d’avancer sans but précis, laissant derrière lui la trace de son passage. Non seulement ses pas étaient visible mais une large traînée rougeâtre le suivait comme une flèche clignotante sur le sol annonçant la terrible sentence qui était en train de s’abattre sur ce jeune homme à l’aube de sa vie. Il avait quoi?! Tout juste 19 ans et déjà drogué jusqu’à l’os, de multiples tentatives de suicides à son actif, des intoxications et un lourd passé de prostitué et d’esclave sexuel. Aoi avait tout vu de l’horreur humaine mais étrangement, ce qui faisait le plus mal c’était cette illusion qu’il allait pouvoir être heureux qui se brisait comme un verre de cristal qu’on laisserait tomber au sol pour s’amuser.
Il était brisé, son cœur avait volé en éclat et il était devenu incapable d’aligner deux pensées censées. Perdu dans sa peine et dans la douleur qui tiraillait son torse, le jeune homme finit par se laisser tomber au sol. Son corps douloureusement engourdie heurta avec violence le béton mouillé, lui laissant échapper une longue plainte qui se répercuta contre les parois de la ruelle. Il avait froid…Si froid qu’il en tremblait en claquant des dents. Ses bras serrés autour de sa taille cachaient les multiples plaies qui ornaient son torse…Une vengeance pour celui qu’il n’était pas…Pour l’être sans intérêt et ennuyeux qu’il était…Une rage si forte envers lui même qui avait conduit le couteau contre son torse à de multiples reprises…
Dernière édition par Doku le Jeu 21 Aoû - 19:27, édité 1 fois